théâtre

de la bastille

Théâtre de la Bastille

main

Derniers remords avant l'oubli.


23 oct > 25 nov

La relation que ce groupe d'acteurs trouvent avec les textes de Jean-Luc Lagarce est faite de cette écoute attentive qui rejette toutes tentatives d'imitation psychologique au profit d'une incarnation épurée.

23 octobre -> 25 novembre
à 19 h 30, dimanche à 15 h 30
relâche le lundi et le jeudi 25 octobre
Du samedi 27 octobre au dimanche 4 novembre tarif à 9 euros pour les moins de 30 ans.

Le reportage qui suit a été réalisé par l'équipe d'OC-TV.net : Cédric Batifoulier et Marie Louchard.

http://www.oc-tv.net/possedes-pour-derniers-remords-avant-l-oubli.htm



Jean-Luc Lagarce // Rodolphe Dana // Compagnie Les Possédés

Derniers remords avant l'oubli

Création collective dirigée par Rodolphe Dana. Avec David Clavel ou Rodolphe Dana (en alternance), Katja Hunsinger, Nadir Legrand, Marie-Hélène Roig et Christophe Paou. Lumière Wilfried Gourdin.

L'année dernière, la réalisation du Pays lointain nous a éblouis. Le groupe � car c'est un réel groupe d'acteurs � a trouvé cette liberté de jeu qui fait de la simplicité l'art de l'acteur. Les Possédés sont en cela les jeunes héritiers de tg STAN, l'excès en moins. La relation qu'ils trouvent avec les textes de Jean-Luc Lagarce est faite de cette écoute attentive qui rejette toutes tentatives d'imitation psychologique au profit d'une incarnation épurée. Les voici donc.
J.-M. H.

« [...] je mentais, tout le temps, tellement. J'avais oublié ou je ne me l'étais jamais avoué. Je l'admets en souriant, tu as vu ça, je souris en avouant, un peu garce, l'idée que vous avez de moi, mon sourire légèrement triste pourtant, toujours un peu mélancolique, vous l'aimiez tant, oh comme vous l'aimiez ! Vous le répétiez sans cesse.
Cette manière qu'a mon visage de ne jamais rien réclamer.
Je mentais.
Qu'est-ce que cela fait aujourd'hui ?
Cela peut faire un tout petit peu mal, c'est la seule raison, ne croyez-vous pas ? [...] »


Jean-Luc Lagarce


Avec Derniers remords avant l'oubli, Jean-Luc Lagarce confronte avec un art délicat le présent et le passé sans opposer pour autant deux générations. Le passé c'est une belle histoire d'amour entre Pierre, Paul et Hélène. Ils ont vécu tous les trois ensemble dans une maison qu'ils ont achetée et où finalement Pierre est resté seul tandis que les deux autres sont partis faire leur vie ailleurs. L'ombre de cet amour, de ces moments heureux passés ensemble, plane sur leurs retrouvailles. Le monde a changé, le temps a passé, ils ne sont plus tout à fait les mêmes qu'avant.
« Je crois qu'au fond il y a toujours une histoire d'amour chez Jean-Luc Lagarce et que c'est cette dimension amoureuse, affective, qui sous-tend son écriture. Alors cela conduit à se demander comment on parle de l'amour et quels mots on pose là-dessus », analyse Rodolphe Dana, capitaine de la compagnie Les Possédés, qui après le succès rencontré par leur mise en scène du Pays lointain (Théâtre de la Bastille en 2006) poursuivent leur exploration du théâtre de Jean-Luc Lagarce. Une des qualités de l'écriture de Jean-Luc Lagarce tient à cette capacité qu'elle a de faire passer beaucoup de choses sans se départir d'un ton très quotidien. Le langage doit se frayer une voie, les mots doivent à tout prix sortir, du fait même de la situation dans laquelle l'auteur a plongé ses personnages. À commencer par le sentiment de gêne général qui pèse sur l'ensemble des protagonistes. Car d'une certaine manière, ils s'aiment encore même s'il ne saurait être question de recommencer ce qui a eu lieu dans le passé. « Il y a ce thème de l'abandon lourd de reproches », remarque David Clavel, mais il y est aussi question d'argent ou de trahisons infiltrées dans les restes d'amour.
L'écriture de Lagarce est cette corde sensible au glissement du sentiment vers son contraire. Des deux sentiments antagonistes qui cohabitent, Lagarce observe le changement d'équilibre, la lente et inexorable remontée à la conscience du négatif. D'où ce trouble, cet éloignement des personnages, hésitant devant la séparation. Il n'y a pas de réelle nostalgie mais un constat, aussi calme que fatal, devant le temps disparu. Lucide, Rodolphe Dana cite Proust : « On ne guérit d'une douleur qu'à la condition de la vivre pleinement. »

Coproduction Festival d'Automne à Paris, la Ferme du Buisson - Scène nationale de Marne-la-Vallée, la rose des vents - Scène nationale Lille Métropole / Villeneuve d'Ascq, Théâtre Garonne à Toulouse en résidence de création et Théâtre de la Bastille. En compagnie de l'Adami.Les possédés sont artistes associés à la ferme du buisson, Scène Nationale Marne-la Vallée.
Le collectif Les Possédés travaille sur une adéquation entre l'âge des personnages et celui des acteurs. La jeunesse de ceux-ci rend difficile la possibilité de l'existence d'une fille adolescente. En conséquence, et en accord avec les ayant droit, le rôle de Lise (fille de Hélène) a été supprimé dans le spectacle qui vous est présenté.
Le texte dans son intégralité est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs.