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Théâtre de la Bastille

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Le Relèvement de l'Occident : BlancRougeNoir


06 dec > 17 dec

Avec Natali Broods, Willem de Wolf et Peter Van den Eede

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Quel Occident ? L’Occident atlantique ? L’Occident européen ? L’Occident quoi, celui dans lequel nous avons grandi et qui fait de nous des Occidentaux. 

La compagnie belge De KOE n'a pas pas son pareil pour donner vie au plateau et créer des spectacles philosophiques, divagants, drôles, excessifs, incisifs… Elle revient cette année avec un programme ambitieux : relever l'Occident, le temps d'une trilogie, avec un pessimisme joyeux et hédoniste.
Se saisir de la fin des grandes histoires et des grands rêves, de la disparition des repères et du doute qui s'est emparé de notre partie du monde : voilà le point de départ de la nouvelle création de De KOE. Mais c'est promis, proclament-ils, grâce à leur nouvelle production, « tout va s'arranger ».
Tout l'esprit de cette compagnie est là, dans cette capacité à voir large avec ambition et sérieux, sans jamais se départir d'une forme de modestie, d'une indéfectible drôlerie et d'un sens de l'autodérision qui n'exclut jamais l'indulgence face aux faiblesses humaines.
La troupe, née en 1989, a en effet une manière unique et pince-sans-rire de s'emparer des récits : chez eux, les considérations triviales et les réflexions savantes cohabitent en parfaite entente, les souvenirs et les opinions s'enchaînent sur le même plan. Partant du principe que la vie d'un homme se tisse aussi bien de ce qui fait son petit déjeuner que de sa lecture du soir, les De KOE passent d'une chose à l'autre, de l'évocation de la star Lady Gaga à celle de la philosophe Hannah Arendt, d'un souvenir d'une cuisine aux placards encastrables à une question sur « qui fait quoi dans cette pièce ».
Cette fois, pour « relever l'Occident », Blanc s'ouvre par l'examen de ce qui précède les débuts, et évoque surtout la jeunesse, à commencer par celle des acteurs – les incroyables Natali Broods, Peter Van den Eede et Willem de Wolf. Puis vient Rouge où il est question d'amour et de désirs, de dépassement des limites, d'excès et de consommation. Enfin tout s'achève par Noir, qui convoque et brasse la grande Histoire, de la Renaissance au Carré noir de Malevitch, « depuis le moment où on a commencé à signer le tableau jusqu'à ce qu'on l'ait noirci en entier ». Ici, comme le dit un des personnages, ce n'est « pas un cours d'histoire mais la roue de l'histoire » qui défile, de manière étourdissante.
De l'une à l'autre pièce, les acteurs monologuent, se chamaillent, digressent et montrent un intense plaisir à jouer tout en restant toujours plus ou moins eux-mêmes. Ils convient ainsi à une pérégrination pleine de digressions, de fantaisie, de disputes et de culture. Il y a quelque chose du festin dans Le Relèvement de l'Occident. On y parle d'ailleurs beaucoup de nourriture – et la troupe cite volontiers cette phrase de Tchekhov dans une lettre à Gorki : « Les hommes mangent, ils se contentent de manger et pendant qu’ils mangent, se joue leur bonheur ou leur destruction totale ».

L.D.

Réalisation +

 

Texte, mise en scène et conception de Natali Broods, Willem de Wolf et Peter Van den Eede. Traduction française et coaching linguistique Martine Bom. Lumières Bram De Vreese Son Pol Geusens. Technique Bram De Vreese et Pol Geusens.

 

Production De KOE. Coproduction de la version française théâtre Garonne Scène européenne – Toulouse, Théâtre de la Bastille, Festival d’Automne à Paris, Théâtre de Nîmes – Scène conventionnée pour la danse contemporaine et Théâtre du Bois de l’Aune – Aix-en-Provence. Producteur délégué de la version française et de sa tournée théâtre Garonne Scène européenne – Toulouse. Un projet House on Fire. Coréalisation Théâtre de la Bastille et Festival d'Automne à Paris. La compagnie De KOE est subventionnée par le Ministère de la Culture de la Communauté Flamande. Première française au théâtre Garonne Scène européenne – Toulouse le 12 mai 2016.