Les artistes du Parlement


Notre programmation continue de s’écrire avec quatre artistes associé·es. Nous avons pensé leur présence comme un dialogue sans cesse renouvelé, une manière d’entrecroiser leurs pensées et leurs écritures puissantes, en prise avec les grandes questions qui chahutent notre société. Ils nous accompagneront trois ans et guideront, tour à tour, la construction d’une saison. Celle-ci s’est élaborée avec Gurshad Shaheman autour d’un Écho du monde dédié à « nos identités performées », comme un fil rouge à suivre au fil des mois.

Gurshad Shaheman

Gurshad Shaheman crée un théâtre en quête d’identités et convie le public à des traversées sensorielles, ne craignant ni les larmes, ni le charnel. Après sa trilogie autofictionnelle Pourama Pourama, il convie sa mère et ses tantes à raconter dans Les Forteresses une fresque familiale, politique et historique de l’Iran (2020). Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète entremêle les témoignages de réfugié·es LGBT issu·es du Moyen-Orient (Festival d’Avignon, 2018) tandis que Jadis, lorsque mon cœur cassa (2023) croise les récits de personnes en parcours de soins psychiatriques.
Ce faisant, Gurshad Shaheman dessine une cartographie de l’intime, à la fois pudique et chatoyante, agençant les récits de vie comme autant de miroirs aux reflets changeants. Cette saison s’ouvre avec Sur tes traces, une nouvelle création en forme de portraits croisés et amoureux.

Betty Tchomanga

Née en Charente-Maritime d’un père camerounais et d’une mère française, Betty Tchomanga manie des influences multiples, mélange les rituels vaudous et le hip-hop autotuné, peuplant ses danses de figures obscures et invisibles. Elle mène en parallèle un parcours de chorégraphe et d’interprète métamorphique – on l’a notamment découverte sorcière joueuse chez Nina Santès et bacchante carnavalesque chez Marlene Monteiro Freitas.
Entre le solo Mascarades (2020) et le quatuor Leçons de ténèbres (2022), elle déploie des corps chantants et pulsants, dangereux parfois, des corps à la transe inquiète, sautant et creusant le sol jusqu’à déterrer des gestes, toute une pensée, que la colonisation et l’esclavage n’ont pas réussi à effacer. Cette saison, nous présentons sa nouvelle création Histoire(s) décoloniale(s), qui se déclinera d'abord hors-les-murs (#Mulunesh et #Emma) puis sur scène (Histoire(s) décoloniale(s) Portraits croisés).

Agnés Mateus et Quim Tarrida

Artistes multidisciplinaires, Agnés Mateus et Quim Tarrida signent de véritables brûlots pop entre théâtre, performance et cabaret clownesque. Également formée au journalisme, Agnés Mateus cofonde le Col·lectiu General Elèctrica qui, entre 1996 et 2004, agite avec audace la scène barcelonaise. Quim Tarrida manie quant à lui la vidéo, la photographie et l’art sonore et puise notamment son inspiration dans la BD, les jouets enfantins et la publicité détournée. Héritier·ères de l’émancipation esthétique de la Movida, iels créent des spectacles qui font une critique mordante et frontale de la violence sociale. Présenté en mars 2024, Rebota rebota y en tu cara explota déploie une énergie sans faille pour dénoncer les violences faites aux femmes. Cette saison, nous assisterons à une déflagration plus puissante encore, avec leur nouvelle création, Patatas fritas falsas, qui prend pour cible la montée du fascisme en Europe.

Tout lieu possède un génie latent dont la manifestation est tributaire d’un révélateur qui le dotera d’une qualité singulière, unique.
  François Méchain, Genius Loci