Création d’un solo performatif


Cette saison, Marcos Caramés-Blanco est l’auteur associé du Théâtre de la Bastille. Il signera le texte et la mise en scène d'un solo autour des identités performées, qui sera programmé en fin de saison.

La création, c’est-à-dire le renouvellement et l’enrichissement du répertoire des arts de la scène avec les artistes de notre temps s’emparant des sujets d’aujourd’hui, est un des volets les plus passionnants de nos métiers: l’endroit du pari, de l’aventure, de la révélation. Le Théâtre de la Bastille passe ainsi commande d'un texte orignal à Marcos Caramés-Blanco, puis assurera le rôle de producteur délégué du spectacle, en accueillera les répétitions ainsi que la création, avant d'en gérer la tournée.
Marcos Caramés-Blanco signera également une création participative.

Ix : variations (titre provisoire)

Écriture Marcos Caramés-Blanco, jeu Lucas Faulong

J’ai l’impression que la pensée, la philosophie, voire même le mot queer repose pour beaucoup sur un imaginaire complètement associé au monde des adultes, extrêmement pensé intellectuellement, qui a donné des merveilles de retournements de la perspective, des révolutions esthétiques et politiques, des utopies émancipatrices. Pourtant, être queer ne repose pas en priorité sur des idées mais dans le corps. Je n’ai jamais autant senti ce sceau de la différence, de la monstruosité, de l’être bizarre*, qu’au moment de l’enfance où il est primordial de rentrer dans le rang pour survivre, se renier pour ne pas céder. Pourtant, l’enfant queer résiste à tout, car ce qu’il vit n’est pas nommé, n’a pas de nom pour lui. C’est son existence même qui est le problème pour la société hétéropatriarcale qui, tout au long de l’histoire, est allée, au nom de la médecine, jusqu’à inventer multiples sortes de tortures et autres thérapies de conversion pour faire disparaître en lui la « déviance ». Et c’est dans cette puissance que je souhaite creuser cette figure, une figure, à travers la fiction, à la recherche d’un élan utopique d’affranchissement des représentations schématiques habituelles que nous faisons des êtres qui n’entrent pas dans la norme sociale, souvent traitées sur un mode déploratif, mettant en avant la souffrance qui forme nos réalités marginales.

À la manière d’une fresque traversant les années, de la naissance à l’âge adulte, la pièce racontera l’itinéraire imaginaire d’un personnage, Ix, explorant les notions de construction de soi et de rencontre, de violence intra-familiale et médicale, d’insaisissable et de trouble, de ressaisissement et de réappropriation de soi.
Ce projet s’inscrit dans la continuité d’un compagnonnage initié il y a quelques années avec l’acteur Lucas Faulong.

Marcos Caramés-Blanco

*Avant de désigner l’ensemble des minorités sexuelles et de genre, le terme queer était une insulte signifiant « bizarre », « tordu », « étrange ».